LA QUESTION DES MODELES DE DEVELOPPEMENT DURABLE
- Un Coin Du Sahara
- 12 juil. 2020
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 22 oct. 2020
De la question des modèles de développement durable
Les différentes crises économiques et sociales qui ont secoué le monde vont faire prendre conscience de la nécessité d’un développement durable. Trois dimensions sont mises en avant : sociale, économique et environnementale. Une définition est proposée pour le développement durable : le « développement durable, c’est s’efforcer de répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité de satisfaire ceux des générations futures »[1]. Dès lors, des modèles de développement durables naissent.
De la pauvreté, de l’exclusion ?
Les limites critiques, telles que les normes écologiques concernant la santé (pollution atmosphérique), les normes sociales (égalité des chances, revenu minimum, conditions de vie dignes, etc.), ou la garantie du respect des droits humains constituent des exigences minimales et des seuils non négociables[2]. Les Etats rendent comptent du suivi des données permettant d’apprécier ces domaines. A travers le monde, les spécialistes scrutent les inégalités à toutes les échelles. Mais, la famine, la non-scolarisation, l’analphabétisme, le manque d’équipements, le difficile accès à l’eau potable ne permettent pas aux populations d’améliorer leurs conditions de vie. La pauvreté est reconnue obstacle au développement durable, car elle est un accélérateur des crises environnementales. Les populations pour faire face à la pauvreté sont amenées à dégrader l’environnement (déforestation, surexploitation des sols).[3]
Comment mesurer la pauvreté et l’exclusion aujourd’hui ?
La pauvreté et l’exclusion n’ont pas la même échelle en ville ou en campagne, au Nord ou au Sud. Les mesurer de façon identique est un exercice difficile. Le salaire minimum en Europe oscille entre 286,33 et 2000 euros brut par mois, il n’atteint pas 100 euros en Afrique de l’Ouest. Pour autant, est-il plus facile de vivre avec 286 euros en Europe qu’avec 100 euros au Mali ? L’appréciation des conditions de vie et des statuts des individus qui composent les sociétés est difficile. Les comparaisons entre différentes sociétés sont encore plus hasardeuses. Les institutions cherchent des critères d’appréciation des états socio-économiques des sociétés et des individus. Ces critères sont parfois jugés rigides (PIB, au revenu par tête d’individu) ou artificiels (appréciations des problèmes complexes des sociétés et des individus).
La mondialisation, la crise globale, la résurgence des nationalismes, les crises identitaires, la toute-puissance du marché financier, la faiblesse de l'État-Nation s'observent. La catégorisation des États en "pays riches", "émergents" et "pauvres" ne cesse de glisser : les pays dit pauvres ont quelques riches, la majorité des riches se retrouvent dans les pays du Nord, globalement, les riches continuent de s’enrichir et les pauvres de s’appauvrir. Le taux de chômage moyen est de 30% dans le monde, 40% pour les pays pauvres et 10% dans les pays du Nord.
Quels sont les effets de la pauvreté ?
L’effet économique de la pauvreté est l’exclusion, son effet social est la perte de statut social, son effet politique est une citoyenneté diminuée et des droits humains non assurés. Un lien existe entre tous ces effets. La pauvreté, l’exclusion et les inégalités ont un lien avec l’instabilité. L’exclusion génère l’exploitation et vice-versa. L’exclusion contrarie l’intégration. [4]
Jusqu’à récemment, les sociétés africaines « traditionnelles », accordaient une place importante au pauvre, au handicapé, à l’autre de manière générale. Les sociétés africaines « traditionnelles » leurs préservaient le droit à un statut social indépendamment de leur situation de pauvreté (statut économique personnel). Leur parole était autant, sinon plus respectée, voire crainte, que celle d’un riche et d’un puissant. Sagesse africaine illustrée par cet adage touareg : « Talaqqe, tamara » qui veut dire : « le pauvre est le riche », « le pauvre est le plus fort », « le pauvre est fier ».
« L’humanité doit se préparer au boom » qui est déjà là et quid d’un modèle de développement durable ?
Différents rapports avertissent que « l’humanité doit se préparer à un boom ». Mais, le boom est déjà là et l’humanité n’est pas prête : les services (emplois, logements, santé, éducation, sauvegarde des ressources naturelles) ne sont pas prêts : les besoins des villes continuent de croître ; la moitié des habitants de la terre se trouvent désormais dans les villes ; la disparité en termes de services entre villes et campagnes se creuse ; le secteur industriel, la modernisation et la productivité n’assurent plus des emplois, les emplois sont précaires et sous-payés, surtout dans le secteur informel.[4]
Le choix d’un modèle de développement durable se pose avec acuité. Aucun modèle ne sera facile à promouvoir, ni à faire accepter. Quel que soit le modèle, ce choix changera profondément les modes de vie et de consommation. L’acceptation d’un tel modèle nécessitera un renforcement de la démocratie participative. Des stratégies et des politiques plus innovantes seront incontournables en matière de prise en compte de la citoyenneté, de la solidarité, de l’emploi et de l’environnement.
Les concepts de l’emploi, du travail et de la relation entre humains et environnement devront nécessairement être revus. Des approches de l’emploi qui vont satisfaire les besoins du marché et de l'environnement seront des pistes tenables.
Des modalités partagées du respect des décisions et des volontés devront être recherchées entre Etats et au sein de chaque Etat (centrale et locale). Il sera certainement nécessaire de pousser dans le sens de plus de coordination, d’harmonie, de meilleurs équilibres et d’exigence d’une citoyenneté plus affirmée. Des rôles et des mandats clairs et davantage de "redevabilité" contribueront à améliorer la situation actuelle. Dans l'état actuel du monde, des pays et du désir d'une citoyenneté plus affirmée, qualifiée de « positive », on peut imaginer qu'un pas important serait une redistribution plus compatible des rôles entre les intervenants : État - État - Institutions supranationales, d'une part, et d'autre part, État – Citoyen.
Plus facile à penser, assez difficile à dire, et certainement beaucoup plus ardu à faire !
Quel État accepterait de donner plus et de s'attribuer moins ? Comment revendiquer une citoyenneté affirmée colorée d'une touche mondialiste ? Un monde sans marché est possible ? Réguler les ambitions de chaque humain par rapport à celle de son voisin ou de l’autre ?
Des questions qui posent le problème des leviers : la nécessité pour les États et les citoyens qui revendiquent de s’écouter et de s’entendre. Un socle commun et tangible sans lequel aucune des reformes ne peut - être. Le chemin vers ce socle ne se trouvent que dans le respect des libertés et d’une citoyenneté affirmée, qui sont les gages dont l’humanité dispose pour avancer. Ce n'est donc pas le moment de voir la démocratie reculer !
Les insuffisances des politiques précédentes peuvent favoriser "la citoyenneté positive". « Citoyenneté positive » qui est de plus en plus affirmée. Si, une bonne évaluation des politiques précédentes est faite, elle peut faciliter la résolution des problèmes liés à la croissance économique, aux sociétés et à l’environnement, tant recherchée par les politiques. Il est difficile, dans l’état actuel du monde, d’imaginer une politique d’ensemble, qui serait comme un code de conduite, respectée par chaque entité locale, nationale et supranationale.
Dans ce monde où tous ‘États, citoyens, individus, groupes mafieux, etc., se battent pour les mêmes ressources, il y a un besoin de leviers pour savoir revendiquer, s’écouter et s’entendre.
Ce n'est donc pas le temps d'oublier les droits humains !
Si l'on s'accorde sur le fait que le développement est une science, comme tout autre , il y a un besoin de sortir une majeure partie de la réflexion s’y rapportant du champ strictement politique (conception de modèles, débats liés aux modèles du développement).
Les scientifiques doivent prendre le relais, être plus présents, s’affranchir en quelque sorte du dualisme politique-citoyen. Le citoyen et le politique pourront à leur tour se libérer, s'affronter sur terrain plus neutre et prendre un nouveau départ qui est le gage de la stabilité pour l’avenir.
Article à lire et à commenter!