QUEL DEVELOPPEMENT DES CAPACITES POUR LA CREATION D’EMPLOIS ET DE RICHESSES DANS PAYS AFRICAINS

Quel développement des capacités pour la création d’emplois et de richesses dans les pays africains ?

La question

L'Afrique, comme d’autres, doit accélérer son développement dans l’équité. L’éducation, la formation jouent une part importante pour favoriser le développement. Les formations conventionnelles sont inabordables pour tous.

Une recherche-action menée au Mali entre 1998 et 2012 a montré que pour favoriser un développement dans l’équité, il est indispensable de reconsidérer les modes de transmission des connaissances actuelles ( formations conventionnelles). Le minimum  serait de compléter le dispositif conventionnel existant par des formations et des informations expliquant les modalités d’accès aux services et aux connaissances disponibles et indispensables pour chacun, soit-il scolarisé, ou non, issu d'un milieu urbain ou rural. Cette même recherche-action a aussi montré que les perceptions d’un certain nombre d’acteurs sur les obstacles à un développement durable n'évoluent guère : depuis toujours, les obstacles fréquemment mentionnés sont :

• le manque de financement,

• la pauvreté, l’analphabétisme, l’illettrisme,

• la corruption, à tous les niveaux, multiforme, enchâssée dans les pratiques administratives et sociales,

• l’inadéquation des systèmes d’éducation, de formation et de fourniture de services.

Malgré les efforts faits dans beaucoup de pays, le  système de la formation conventionnelle peine à prendre en compte ces besoins et réalités des communautés et des individus qui composent le marché de l’emploi. La formation conventionnelle, pourtant un appui et repère important, est de plus en plus considérée inadaptée à la réalité :

• Les spécialités, les créneaux, les professions semblent « fermées».  

• Les programmes ne prennent pas en compte les besoins des individus apprenants en tant qu’acteurs de communautés et du pays. c'est à dire, le contenu des curricula reste trop général, abstrait, peu fondé sur les réalités de l’apprenant et de son milieu.

• La formation conventionnelle telle qu'elle est dispensée a un objectif « monolithique », donc restreint : un profil jugé adéquat acquiert un ensemble de connaissances dans un domaine spécifique, lui permettant d’y exercer.

Les pistes de solutions

Les effets du décalage entre la « formation conventionnelle », les réalités et besoins sont visibles pour les regards extérieurs comme pour nous les Africains : la presse fait état de milliers de jeunes, et, pas seulement, qui périssent dans les océans ou dans les griffes de groupuscules obscurs et mafieux qui vident l’Afrique de son plus grand trésor, sa richesse humaine. La situation est d’autant plus tragique que le continent dispose d’importantes ressources et d’intelligences pour les mettre en valeur. Cette inadéquation, si elle n’est pas prise en compte, peut mener au rejet du savoir et de l’instruction. Il urge de promouvoir un apprentissage innovant et adapté qui tient compte de la diversité des besoins, des profils sociaux, ainsi que des réalités globales, telles, l’environnement, la sauvegarde et la valorisation des savoirs traditionnels qui s’érodent, car jusque-là véhiculés par l’oralité.

La recherche-action menée a démontré que des alternatives qui tiendraient compte des contraintes énumérées plus en haut semblent exister. Les conditions de leur mise en oeuvre semblent aussi accessibles. Il apparaît donc que les obstacles énumérés ne sont pas tous insurmontables. Certes, ces alternatives ne sont pas définitives,  mais elles permettent de réduire considérablement l'acuité des difficultés actuelles. La méthode de développement des capacités / compétences dénommée "Era Africa" et ses deux modules d'application "CDCA" (Concept de développement des capacités pour l'Afrique) et le Concept "3P"  (Petites "PME" Personnelles) tentent de contribuer à cet effort. 

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Tromsø, janvier 2018

Photo: Anara Ag Souleymane